Lettre N° 60 de septembre 2006
Le mot du Président
La rentrée, c’était il y a un mois et j’écrivais :nous allons nous remettre au travail. Mais comment se remettre au travail lorsque ,à la dernière réunion du jeudi 7 septembre, je me suis retrouvé seul avec M Riter que je remercie pour sa présence et sa régularité. Certes, il faut garder le moral quand on a accepté de prendre une responsabilité mais l’encouragement ne nuit pas. Je me contenterai pour le journal de ce mois-ci de vous joindre la lettre de rentrée de l’ACNAT : elle me parait bien illustrer le problème des associations. Le Président
Lettre de l'ACNAT : Plus qu'une sentinelle…
Quelques uns d'entre nous voient peut-être aujourd'hui leur asso, ou l'ACNAT elle-même, comme une sentinelle dont ils attendent l'alarme pour descendre à nouveau dans la rue défendre leur projet de vie… "Une manif, sinon rien"… On peut ainsi dormir tranquille, tout en protestant de sa vigilance: on ne dort que d'un œil!
Il fut un temps, c'est vrai, où nous devions être sans cesse sur la brèche, et à toute occasion aller nous battre contre les amputations que les partisans d'un nouvel aéroport prétendaient opérer sur notre projet de vie. Bravo: nous l'avons fait, et avec succès.
Aujourd'hui, c'est vrai aussi, le front paraît plus calme et il pourra sembler qu'une sentinelle suffit…
Ce serait une erreur de le croire: cette "vigilance de tranchées" n'est pas adaptée à la lutte que nous menons aujourd'hui. Ce que nous appelions de nos vœux est, en effet, en passe de se réaliser: l'initiative a changé de camp. L'opinion publique comprend de mieux en mieux notre combat: les gens honnêtes voient bien l'inutilité d'un nouvel aéroport quand Blagnac suffit largement, et pour très longtemps, aux nécessités du trafic aérien de notre région. Ils voient bien que ce projet serait socialement ruineux puisqu'il conduirait à fermer Blagnac et à expatrier les dizaines de milliers d'emplois de l'industrie aéronautique toulousaine. Ils voient bien que les réserves foncières sont un piège et que ce sont en réalité des intérêts fonciers et financiers qui inspirent les partisans du projet jusque dans leur diversion ariégeoise…
Mais s'ils le voient, c'est parce que nous l'avons démontré. Parce que notre "Contribution citoyenne", nos manifs, nos argumentaires, nos rassemblements, nos comités d'accueil et nos réunions publiques leur ont ouvert les yeux. Bien mieux encore: la force de notre conviction est partagée par nos grandes Institutions représentatives. Des centaines de communes et d'élus, dans le C-PANNET; les Conseils généraux, le Conseil régional…
Sur le terrain politique même, l'opposition à un nouvel aéroport toulousain se renforce des voix de ceux qui en clamaient hier l’urgente nécessité: ils admettent aujourd’hui que l’optimisation du système aéroportuaire peut passer par une exploitation rationnelle des grands aéroports régionaux existant. C'est la mixité politique de l'opposition à l'aéroport inutile qui s'affirme ainsi: "la ligne de conviction" peut donc ignorer les obédiences politiques pour faire un détour et passer entre les "pour" et les "contre" le projet d'aéroport…
C'est dire que nous sommes sortis du creux de la vague; les grandes peurs sont derrière nous; les échéances paraissent plus lointaines…
Pourtant, ceux qui attendraient aujourd'hui les cris d'alarme de la sentinelle pour sortir de leur réserve et se joindre à nos actions combattraient un mauvais combat, car l'actualité de notre lutte n'est plus de courir où nos lignes sont menacées en criant "au feu!". L'actualité de notre combat est d'aller où nous sommes les plus forts!
C'est que nos luttes passées nous ont permis de renverser les perspectives. Avant, nous étions réduits à répondre aux coups, pour nous défendre. Aujourd'hui, c'est nous qui portons les coups, c'est nous qui progressons sur les positions de nos adversaires. C'est ce que nous avons montré en ralliant Lafrançaise et Moissac au C-PANNET; ou en allant commenter au Ministère de l'Aménagement du territoire les dernières études de l'Etat… Nous sommes devenus une force d'initiative.
"Nous", bien sûr, ce n'est pas seulement l'ACNAT et le C-PANNET: ce sont aussi ces grandes institutions qui ne cessent de contrebattre les prétentions de la ville de Toulouse d'installer chez nous ce qui la gêne chez elle. C'est, au mois de juin, le Conseil général de la Haute Garonne, quand il répond au Préfet de Région en se prononçant contre l'opportunité du projet à une écrasante majorité.
L'importance de cet évènement ne devrait avoir échappé à personne: c'est la première fois qu'une institution prend ainsi position contre le principe même des réserves foncières.
L'action de l'ACNAT consiste, aussi, à soutenir ces positions fortes, à manifester dans ce combat la solidarité des citoyens et des élus.
La perspective, en 2007, est donc très différente de celle de 2003.
Il fallait, en 2003, faire la preuve de notre force: il fallait aller en nombre porter un coup d'arrêt à un défi arrogant et lui opposer le poids de la multitude. C'est fait: nulle part on n'a ouvert les pistes dont on nous menaçait… Mais le projet n'est pas mort, et pour le combattre il ne sert à rien, aujourd'hui, d'attendre que le bruit des bulls résonne sous nos fenêtres…
Aujourd'hui, il faut à l'ACNAT franchir un pas nouveau, pour progresser vers la victoire. Il faut faire autre chose, dans des formes adaptées aux circonstances présentes. Vous l'avez compris, ces formes nouvelles, ce sont celles de l'offensive.
Prendre l'initiative, c'est rallier des forces nouvelles à notre cause. C'est pourquoi vous viendrez "tracter". Prendre l'initiative, c'est expliquer et convaincre: c'est pourquoi vous viendrez aux réunions publiques. C'est appuyer nos Institutions et leur montrer que nous soutenons leurs actions: vous viendrez donc aux "comités d'accueil" et aux rassemblements, comme à toutes ces actions par lesquelles nous affirmons notre détermination et l'étendue de notre audience.
Vous ferez tout ça parce que vous avez compris qu'on n'attend pas la victoire: on l'enlève! Qu'elle dépend de chacun de nous et que vous êtes irremplaçable, car sans vous nous sommes un de moins… Que la fortune ne sourit pas seulement aux audacieux, mais à ceux aussi qui savent la courtiser longtemps…
Vous ferez tout ça, simplement parce que vous avez de la suite dans les idées…et que vous ne voulez pas qu'en face ils puissent dire un jour: "on les a bien eus, quand même, avec nos berceuses…"…
Vous ferez tout ça parce qu'enfin vous savez bien, quoi qu'on dise, que ne dormir que d'un œil, c'est malgré tout dormir!
Le Président de l’ACNAT
Dominique Fiorina